#119




Je préférerais parfois être né sans voix, ne serait-ce que pour vous épargner.

Sachez que j'ai plus de pitié pour vous que pour ma propre parole, parole qui souvent,
trop souvent me dépasse, me noie à oublier comment nager dans ses eaux troubles.
Je ne sais plus bouger les jambes, les bras, je ne sais même plus quand respirer.
Pas d'autre issue que la noyade n'est-ce pas ?

Peut-être demander de l'aide? Hurler au secours ?
Mais je suis déjà si loin du rivage, là où l'horizon n'est plus que ciel et mer,
là où la peur n'atteint plus personne...

Et j'aperçois votre bouteille monsieur M., juste là, qui flotte...
Quelle coïncidence de tomber dessus alors que je suis en train de me noyer.
Pourrait-elle me servir de bouée ?
Rien est moins sûr mais je l’attrape comme une main tendue,
la saisis de toutes mes forces dans l'espoir de flotter
attendant patiemment d'échouer sur une plage
où lire le message de mort qu'elle referme.




J'écris: un livre de sauvetage




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