#219


L'appartement est sombre. La nuit est déjà tombée. Une fois la porte enfin fermée à clef, je m'efforce de purger en silence le bruit venimeux de la journée passée, rongé par le remord de n'avoir rien dit quand il aurait fallu (malgré la certitude d'être mal entendu ou pris pour un fou) hurler par orgueil n'importe quel mot afin de manifester ma colère devant ceux qui font si mal semblant de m'ignorer, ces passants reconnus qui me dévisagent du coin de l'oeil, me méprisent et se moquent de moi du bout des lèvres comme si je n'étais pas un homme comme les autres.

Jamais je n'aurai dû sortir aujourd'hui.

Mes yeux se ferment malgré le bruit de fond de mon existence, cette voix dans ma tête qui cherche par tous les moyens à s'arranger avec ma conscience. Sa mauvaise foi n'est jamais à bout d'imagination pour inventer d'improbables issues de secours aux impasses d'un jour qui a mal tourné. Aussi ridicule soit-elle, je ressens autant d'amitié que de honte à l'égard de cette voix qui sans relâche cherche à me duper pour sauver ce qu'il reste en moi de vivable. 

Minuit. J'écrirais bien quelques phrases pour une bouchée d'air. Mais je n'en ai pas la force. L'indifférence prend peu à peu le pas sur la nécessité d'écrire. Je suis dans ma chambre comme dans ma pensée : emmuré d'angoisse, à l'asphyxie. Je m'effondre habillé sur le lit, impuissant devant l'absence de tout soulagement. Mon corps aujourd'hui ne peut résister plus longtemps. Je tombe de sommeil comme sous les balles de ma propre guerre. L'insomnie de ce dernier mois aura donc fini par me torturer jusqu'à épuisement.. 


Il est grand temps de rêver... d'halluciner un incendie.



Aujourd'hui, Achète-moi la télé (nouvelle version) migre sur Fibrillations


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Pas de feu sans fumée...