#527

301. Elle a la clé en main. Je montre du doigt la porte fermée et dit — c’est cette chambre là. La carte déverrouille la serrure. On enlève les chaussures. On hésite encore à se déshabiller. Comme si c’était trop prévisible. On s’allonge sur le lit encore fait. Main dans la main. Tous deux soudain incertains. Nous serrons l’un contre l’autre. Le portable joue de la musique sur la table de chevet. Lampes à abat-jour noir, lumière tamisée, qui finit par clignoter. Les ombres de nos corps ne cessent d’apparaître et disparaître sur le mur. Puis ça commence d’un coup. Déception. Puis ennui. Puis comme ça vient. Mieux. Dedans. Au fond d’elle qui me retient. Sa main me gêne. Sa nervosité m’encombre. Sa voix aussi. Ça dure plus longtemps que prévu. Le souffle court, allongés face à face, la tristesse m’envahit. Il a suffi de le faire pour que l’amour disparaisse. Nous partageons le malaise d’être ensemble ici. Deux distances nous séparent. La mienne et la sienne. Plus de musique. Juste quelque-chose qui sonne faux dans le silence. — Je t’ai laissé jouir en moi dit-elle. — J'ai voulu jouir en toi pour faire semblant de faire l’amour lui dis-je. Silence. Puis elle reprend : — je ne prendrai pas de pilule du lendemain. Si enfant, ça ne te regarde pas. Quand je suis sorti de la chambre, je compris que j’avais lu le numéro à l’envers. Nous quittons la chambre 103.


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